dimanche 20 septembre 2015

LE PSYCHIATRE

C'est en 1808 que le terme de psychiatrie est pour la première fois utilisé par le médecin allemand Reil . Avant le XIX ème siècle en effet, les fous sont traités comme des délinquants ou des possédés et non comme des patients . 

C'est donc après la révolution que la profession de psychiatre se développe vraiment dans de nouveaux hôpitaux où personnel et malades vivent souvent ensemble, soumis au pouvoir absolu du psychiatre en chef . 


L'EVOLUTION DE LA PERCEPTION DE LA FOLIE 


Il a fallu des siècles pour que la folie soit considérée comme une maladie . Dans l'Antiquité, puis au moyen Âge, les troubles mentaux sont attribués soit à des problèmes physiques, un dérèglement des "humeurs", ou, dans le cas des hystériques, à une remontée de l'utérus dans le corps de la femme, soit aux manifestations d'une force démoniaque qui "aliène" l'individu . Dans le premier cas, les malades sont traités par des médecins, mais ceux-ci n'ont pas encore la notion de la spécificité de la maladie mentale . Ils essaient donc de réguler les humeurs en pratiquant des saignées, censées diminuer la part du "feu" dans l'individu, ou en utilisant bains, massages ou exercices divers . Pour faire redescendre la matrice des hystériques, on pratique des fumigatons dans le vagin ; enfin, nombre de tableaux médiévaux représentent l'extraction de la "pierre de folie", pierre située dans le crâne du fou et à laquelle on impute son état . Inutile de dire que de telles opérations de la boîte crânienne ont souvent une issue fatale . Dans les cas de possession diabolique, on a recours à l'exorciste ou aux pèlerinages, souvent assortis de rites précis . Le malade devra, par exemple, passer sous le reliquaire d'un saint ou tourner un nombre de fois défini autour d'un autel d'une chapelle . Dans l'ensemble, les malades sont pris en charge par les familles qui les traitent bien . Mais certains, qu'on croit "possédés", sont aussi accusés de sorcellerie et mis au bûcher . 


LE "GRAND ENFERMEMENT"


C'est Michal Foucault qui, dans son Histoire de la folie à l'âge classique, met en évidence ce qu'il appelle, le "grand enfermement" . Un édit de Louis XIV de 1656, en effet, organise l'hôpital général où sont enfermés, sans distinction, les mendiants et vagabonds, les délinquants et les malades mentaux, afin de réprimer tous les types de déviances . 
Ces hôpitaux qu'on installe à Paris, puis dans les grandes villes, sont en fait des prisons où les gens vivent dans des conditions misérables et où la mortalité est très élevée . Les aliénés y sont traités comme des animaux : on les attache et on les laisse croupir sur des paillasses immondes . Ici, bien sûr, pas de psychiatre, mais des gardiens de prisons et un directeur nommé à vie qui a tout pouvoir sur ses pensionnaires . Beaucoup de malades mentaux échappent, cependant, à cet enfermement, surtout à la campagne où ils sont toujours pris en charge par les familles, sans être soignés . 


LA REVOLUTION PSYCHIATRIQUE DU XIX ème siècle 


A la fin du XVIII ème siècle, certains médecins comme Pinel, directeur de la Salpêtrière, se spécialisent dans le traitement des maladies mentales . Depuis 1789, les malades sont passés des prisons aux asiles, mais rares sont les médecins qui s'en occupent . Ils sont surveillés, le plus souvent enchaînés par de simples gardiens . Pinel et son surveillant en chef Pussin observent les malades, établissent un classement des principales maladies mentales et expérimentent de nouveaux traitements . La psychiatrie est née, même si elle en est encore à ses balbutiements . 



LE PSYCHIATRE : BIENFAITEUR OU TYRAN ? 


Au XIX ème siècle, le nombre des psychiatres s'accroît . Ces médecins officient au sein d'un hôpital spécialisé dont ils ont l'entière responsabilité, les praticiens de ville n'apparaissant que plus tard . Leur attitude est assez ambigüe . Grâce à eux, en effet, les malades sont considérés comme tels et non plus comme des délinquants ou des possédés . On les enchaîne de moins en moins et on tente de les soigner de manière plus douce, par exemple en utilisant la méthode "naturelle", qui consiste à vivre avec eux et à les rééduquer moralement . Mais le psychiatre garde toujours un pouvoir absolu sur ses patients auxquels il impose une discipline de fer, car on pense alors qu'une vie régulière peut seule venir à bout des désordres de la folie . La vie dans les hôpitaux est ainsi soumise à un emploi du temps rigoureux, qui limite les contacts avec l'extérieur . Malades, personnels et psychiatre habitent dans l'enceinte de l'asile . La moindre faute est sévèrement punie et beaucoup de traitements, baés sur l'effet de choc : bains prolongés, douches froides, administration de purgatifs, fauteuils où le malade attaché, tourne très vite ....
Au XX ème siècle, la lobotomie et les électrochocs sont largement utilisés jusque dans les années 1960, époque à laquelle la toute-puissance du psychiatre et la barbarie de certaines pratiques sont dénoncées . 




























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